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Décalé
Le Londres-Louxor est un lieu au plein cœur de Paris inaccessible à la plupart des parisiens. C’est un peu la même chose avec le livre : inaccessible car trop large, trop étrange, trop décalé. D’un bout à l’autre, d’étranges personnages, une fausse-écrivain, un petit-ami critique littéraire qui arrête de lire, une sœur disparue, un vice-président d’on ne sait trop quoi, trois étranges gaillards à la réputation de filous, des vieilles tantes qui volent le sang des personnes chez qui elles s’invitent, une ex-petite amie toujours amoureuse et même un mime alcoolique, apparaissent au fil d’une intrigue sans queue ni tête qui implique la disparition d’une sœur, le vol de quatre tableaux, la diaspora en Yougoslavie, la plantation de pavots dans des caves, la Suisse, la bibliothèque idéale, l’alcoolisme du mime et d’autres que l’ont oublie. Certaines de ces histoires sont reliées logiquement vers la fin, d’autres restent dans l’ombre.
Tout au long du livre, nous essayons de créer cette couverture pour l’instant simple enchevêtrement de fil nombreux et emmêlés. La fin ressemble à une couverture trouée cousue avec des fils emmêlés. Un résultat étrange, à la limite de la compréhension. On a rencontré beaucoup de personnages, échoué à faire des liens entre eux, fait des liens inexistants entre les histoires, découvert les quatre tableaux disparus mais pas la sœur, rit de certaines scènes, resté de marbre à d’autres, mais nous n’avons strictement rien compris. On hésite encore entre rêves fantasques ou réalité complexe dans cette affaire. D’ailleurs, les rêves de qui ? Parce que les personnages sont nombreux, et la frontière entre chacun parfois ténue. Ce roman pourrait bien être le condensé des rêves des personnages que nous rencontrons comme de la seule absente qui imagine cette histoire, ou bien le résultat des rêves de son auteur, ou encore le résultat de nos rêves conjugués aux siens. On ne sait pas et peut-être faut-il mieux considérer ses nombreuses images pour ce qu’elles sont : un enchevêtrement qui forme un tout. Cela ressemble à l’histoire du lieu lui-même dont l’histoire nous est conté en prologue : d’abord fief du cinéma traditionnel, puis plantation de pavots pendant la seconde guerre, cinéma pornographique dans les années 70 et lieu de réunion des slaves émigrés de Yougoslavie dans les années 90 et théâtre de plusieurs meurtres à différentes époques.
Un livre original, étrange et décidément trop décalé.
Le Londres-Louxor
de Jakuta Alikavazovic
éditions de l’Olivier
7 Janvier 2010
A laisser sur la table du libarire, on dirait… Merci du conseil! 😉
en effet ! 😀
Constance, je vous conseille de prendre le temps de relire ce livre après un certain temps car il est doté d’une richesse étonnante.
J’avoue que l’univers de l’auteur n’est pas simple, très mystérieux mais c’est aussi son charme.
c’est étrange parce que c’est aussi ce que j’ai entendu ce week-end à des délibérations pour le prix Ouest-France / Étonnants Voyageurs. Il n’y avait que elle pour le défendre mais elle l’a très bien défendu et m’a convaincu de la qualité de l’ouvrage. je compte le relire un jour, parce que je crois aujourd’hui qu’il en vaut le coup mais qu’il me faut d’abord avoir plus de maturité et de connaissances (= quelques années en plus).
dans tous cas, merci de ton message et à bientôt j’espère 😀
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