Hier, à Rennes, se sont tenues les premières délibérations pour le prix Ouest France / Étonnants Voyageurs. Le jury de jeunes que nous sommes s’est réuni pour retenir cinq livres des dix que nous devions lire pour ce jour J du 8 Mai donc. Nous étions accompagnés du jury « adulte », un comité d’écrivains et de journalistes qui ont choisi la sélection que nous avions à lire ainsi que nous, par rapport à nos lettres de motivation.
J’attendais cette date depuis un bon moment même si, comme à mon habitude, j’ai voulu faire (lire) d’autres choses et que je me suis retrouvé à la bourre dans mes lectures pour le prix. J’ai d’ailleurs lu le dernier dans la voiture sur le chemin le samedi matin. Je sais, ce n’est pas sérieux, mais au final, je les ai tous lu (ou presque : j’ai abandonné Les Hommes-Couleurs). Samedi matin, huit heures, je me réveille comme une fleur, même pas besoin d’un doliprane et nous nous rendons à Rennes pour les délibérations. Je suis enthousiaste et un peu stressée.
Là-bas, tout le monde ou presque était déjà arrivé. Je retrouve peu à peu les jurés de mon âge. On se présente vaguement avant de se retrouver dehors pour être pris en photo les uns après les autres. Je rencontre réellement deux-trois filles avec qui j’ai parlé par e-mail. C’est un peu étrange de se rencontrer « en vrai » mais, une fois les premiers moments passés, tout s’est très bien passé.
Mais les délibérations commencent. Nous nous asseyons autour d’une table. Chacun à sa place attitrée. Pour ma part, je suis entre l’écrivain Sorj Chalandon (croisé à la Biennale du livre d’histoire de Pontivy et très apprécié) et un autre juré (Paul, il me semble, mais je le confond avec Sylvain qui lui ressemble beaucoup, donc si mon voisin de délibérations passe par là, qu’il m’excuse si je lui ai donné un autre nom). Les adultes nous sont d’abord présenté. Il y a une complicité entre eux qui fait sourire. Ils enlèvent un petit peu la pression. D’ailleurs, ce n’est pas sans humour qu’ils nous annoncent le retard de Michel Le Bris : « il écrit juste deux livres et il arrive », « il s’est levé tôt ce matin mais il avait 1600 pages à écrire », des choses comme ça. En réalité, Michel Le Bris, organisateur du festival, pensait juste la réunion à 11h et pas à 10.
Ensuite, le micro passe par nous. Chacun se présente et donne son avis sur l’ensemble de la sélection. Nous donnons notre avis sur les livres « à garder » et « à jeter ». C’est assez long et je suis surprise : je pensais que nous travaillerions plus sur un système d’échanges par rapport à chaque livre, pas que chacun donnerait son avis général. Cette dernière option, celle qui a été choisi, était presque plus compliquée : tellement de choses étaient dites qu’il était dur de rebondir après, car nous avions oublié ce qui s’était dit et ce que nous voulions répondre, et puis, même en ayant des choses à dire, une tirade est plus compliquée qu’une réplique (désolé, séquence sur le théâtre en ce moment en français), surtout plus ou moins improvisée. C’est plus facile de perdre ses moyens.
De toute manière, nous passons à la deuxième phase, le moment de rebondir sur ce qui a été dit auparavant. Quand les avis ont divergé, quelqu’un décide de reprendre la parole pour défendre à nouveau son point de vue et quelqu’un d’autre, d’un avis différent, lui répond, essaye de le démentir. Ces échanges là étaient vraiment constructifs, surtout que c’est l’occasion de se réveiller, puisque en plus de créer des échanges vifs (vifs, pas sauvages, nous sommes restés très corrects les uns envers les autres, mais le débat était posé et les échanges nombreux). Nous ne sommes pas restés sur un seul livre, loin de là, nous avons même débattu sur une bonne partie de la sélection.
Mais la fin approche et il est temps de passer au vote. Les avis divergent entre nous, mais ils ont aussi fait évoluer mes choix car la vision des autres était différente. J’ai eu un nouveau regard, voire plusieurs nouveaux regards sur un livre, et certains jurés étaient très convaincants : j’ai fini par penser que c’était leur regard qui était le plus juste, et que, conjugué au mien, il changeait la donne à l’intérieur même de mon classement. Résultat : mon classement est différent de ce que j’avais établi avant de venir aux délibérations.
Les résultats au niveau du prix tombent : nous sauvons Mahi Binebine, Les étoiles de Sidi Moumen (Flammarion) ; Kéthévane Davrichewy, La mer noire (Sabine Wespieser) ; Libar M. Fofana, Le diable dévot (Gallimard) ; Hédi Kaddour, Savoir vivre (Gallimard) ; et Martin Page, La disparition de Paris et sa renaissance en Afrique (L’Olivier).
Nous allons ensuite au restaurant « Léon le cochon » à deux pas d’ici. Le chemin est l’occasion d’échanger quelques mots avec Sorj Chalandon ainsi que avec Fabienne Juhel, la lauréate de l’année dernière. Au restaurant, nous sommes classés par groupe : les parents d’un côté, le jury de jeunes au milieu et les organisateurs, écrivains, journalistes de l’autre côté. C’est l’occasion de rencontrer vraiment les autres jeunes, de continuer les débats et d’échanger nos adresses e-mail.
C’était une demi-journée forte enrichissante. Dernière grande découverte réalisée au cours de ces délibérations : j’aime le café (le reste est dit plus haut)^^
(Etonnants Voyageurs et 2e délibérations à St Malo dans deux semaines)
Très bon compte-rendu, comme toujours (et il y a même une chute, aussi inattendue de caféinée !… encore unn truc à vous foutre sur les nerfs et vous empêcher de dormir !… ^^ )
La photo est très bien, elle aussi (même si, pour le coup, Constance n’y est pour rien !…)
J’ai hâte d’être au 22, et espère que les temps sera magnifique, à Saint-Malo, durant 3 jours !…
totalement incognito en effet monsieur^^
merci pour les compliments , même si je suis sûre qu’il y a de la concession quelque part (peut-être le « comme toujours ») 😉
C’est vraiment interessant! J’ai pensé à toi hier car il y avait un petit article sur vous dans Ouest France Dimanche!
merci 🙂
oui, j’ai vu l’article moi aussi… C’est très intéressant de voir que des discussions sur les livres peuvent faire changer le regard que l’on porte sur notre lecture. Je connais ça à travers les « Kfé litteraire » que j’organise avec des amies une fois par mois. On s’aperçoit parfois que deux personnes n’ont pas du tout eu la même vision d’un livre… On s’en rend compte aussi à travers les blogs.
il y a beaucoup de choses qui peuvent faire changer notre regard sur un livre mais la base est toujours l’échange 😉
C’est une vraie chance de faire partie de ce jury! Tu es où, sur la photo?
tu vois la personne en vert vif en dessous la personne au manteau rouge pétant ? bah c’est moi^^
j’ai conscience de ma chance 😀
Tu seras donc à Saint-Malo dans 15 jours : moi aussi. Et si j’ai bien compris, tu monteras sur scène pour la remise du prix : moi aussi (mais pas le même, ce sera à la Rotonde vers 17h 30). Mystère, mystère…
il faudrait que l’on se croise 😀
j’ai hâte d’y être 😉
tu as pu cotoyer Michel Le Bris, alors.
C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup
Il a tant fait découvrir chez Phebus notamment
hâte de connaitre le verdict
je ne connais pas moi même le verdict, donc calme ton impatience 😉
les secondes délibérations sont dans une semaine et demi aux Étonnants Voyageurs, c’est là qu’on doit choisir le lauréat parmi les 5 finalistes.
Michel Le Bris a en effet l’air d’être un grand monsieur bien sympathique, très passionné et fort occupé 🙂
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