Danbé d’Aya Cissoko & Marie Desplechin

La boxe, tout en douceur

Danbé nous raconte l’histoire d’Aya Cissoko, jeune française d’origine malienne. Marie Desplechin a travaillé sur le parcours de la jeune fille dans un exercice de collaboration avec elle.

De manière linéaire, on prend donc connaissance du destin d’Aya, avec l’évènement fondateur de la mort de son père et de sa soeur dans un incendie criminel et sans doute d’origine raciste. Elle va ensuite vivre avec sa mère et son frère dans un immeuble du 140 rue du Ménilmontant. Eduqée par une mère seule tiraillée entre le respect de la tradition malienne et ses idées progressistes, Aya va très vite se réfugier – et s’illustrer, dans la pratique de la boxe française et anglaise. Danbé est aussi l’histoire d’une jeune femme en recherche d’elle-même d’un point de vue identitaire, d’un point de vue personnel, d’un point de vue familial et d’un point de vue professionnel.

Si c’est Marie Desplechin qui écrit le récit, Aya en est la narratrice. Elle qui est également le sujet et bien entendu le principal témoin de sa biographe instaure une ambiance très privée, presque intime, sur son histoire. A travers les mots de Marie Desplechin, on ressent les émotions d’Aya ? Mais laquelle ? L’enfant de sept ans qui assiste à la mort de son père ou l’adolescente d’une quinzaine d’années qui se révolte contre sa mère comme semble le suggérer l’usage du présent ? Ou, plus crédible, la femme de trente ans qui se retourne sur son passé ? Son statut n’est pas tout à fait clair…

Quant à l’écriture, si elle n’est pas désagréable en soi, elle n’est pas très travaillée et reste très descriptive. C’est la vie d’Aya qui est reconstituée sans détour et sans complexité, malgré que la biographie se trouve enrichie par son témoignage. C’est finalement une narration pleine de douceur, apaisée, que l’on rencontre ici et qui s’oppose à l’histoire racontée, pleine de dureté et de violence.

Le titre, lui, s’explique par l’éducation que sa mère lui a offerte dans les respect du danbé, la dignité de son peuple.

Au final, une biographie intéressante, une personne à connaître au moins par les mots, mais peut-être un certain manque d’originalité pour aborder une personnalité aussi atypique.

Danbé

d’Aya Cissoko et Marie Desplechin

ed Calmann-Lévy

16 février 2011

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Merci à et aux éditions

A propos Constance

Enseignante, j'aime tout autant la littérature ado / jeune adulte que la littérature contemporaine et la bande-dessinée. J'ai souvent tendance à lire des textes écrits en français, mais je fais parfois des incursions vers de la littérature anglophone ou des traductions pour les autres langues.
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9 commentaires pour Danbé d’Aya Cissoko & Marie Desplechin

  1. Richard dit :

    Ton avis étant mitigé, je ne porterai donc pas attention à ce bouquin.
    Je me fie à ton jugement sûr … qui ne m’a jamais trompé !
    Merci Constance !

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  3. noann dit :

    ça y est, je viens de le terminer

    Tu soulèves quelques points intéressants qui n’ont pas été mentionnés sur d’autres blogs, qui semblent fonctionner à l’émotivité pure (ah comme c’est beau, j’adore, les pauvres gens, etc…)

    Je partage assez bien ton avis.

    Je dirais que tout dépend de la capacité du lecteur à s’émouvoir pour ce genre de récit intimiste. Après, on adore ou on déteste.

    • constance93 dit :

      je n’ai pas détesté non plus, n’exagérons rien. mais face à l’engouement général sur la blogosphère, je suis sorti un peu déçue de ma lecture. c’est une bonne biographie, il n’y a pas à dire, mais je trouve que d’une part le récit joue un peu sur le pathos et que d’autre part l’écriture n’est pas exceptionnelle (à l’inverse de ce que j’espérais après des billets vantant l’écriture qui traduisait si bien la douleur du personnage).
      je suis capable de m’émouvoir sur ce genre de récits, mais je crois qu’il faut que j’y vois aussi un réel travail d’écriture, qui traduise bien les sentiments que l’auteur veut transmettre. s’il n’y a pas une écriture en accord avec l’histoire, jamais je ne serais véritablement émue (enfin, si, je suis pas inhumaine, mais je serais émue comme en lisant un fait-divers très triste dans un journal, pas émue comme si j’étais à côté d’un être cher qui vit les pires souffrances de la vie, ce que j’ai parfois ressenti avec de bons récits « de ce genre ») ni n’apprécierai le récit.

      • noann dit :

        Oui, c’est assez bien ce que je ressens aussi.
        Il faut dire que le livre a été largement distribué dans la blogosphère, et il me semble que le fait de recevoir un livre en cadeau pousse les avis vers le haut, souvent. Mais il reste des blogueuses qui ne se laissent pas imposer un avis !

  4. Sara dit :

    Je n’ai pas vraiment aimé car l’écriture m’a vraiment posé problème. Elle est effectivement très simple et l’ensemble n’a pas du tout emporté mon adhésion. Dommage car le parcours d’Aya Cissoko méritait mieux.

    • constance93 dit :

      je n’ai pas été plus convaincue que toi, à l’inverse d’une grande majorité de la blogosphère. peut-être que l’histoire d’aya cissoko fait-elle partie de celle qui ne peuvent être raconté que par la personne seule, avec ses propres mots, quand le moment sera venu et qu’elle pourra avoir le recul nécessaire pour partager son parcours d’une manière claire.

  5. Terminal dit :

    Nous sommes des élèves de terminal de bac pro commerce, au lycée Maria Casarès à Avignon. Nous avons lu ce livre dans le cadre d’une lecture scolaire.
    C’est une autobiographie qui raconte la vie d’Aya Cissoko, une jeune malienne, fille d’immigré, qui malgré ses drames et ses malheurs fait preuve d’un courage exemplaire et devient championne du monde de boxe anglaise. Sa mère lui transmet des valeurs qui lui permettent de réussir plus particulièrement le « Danbé » qui signifie dignité. Ce qui nous a plu dans de récit de vie, c’est qu’elle raconte clairement son histoire, elle est franche et directe .Elle enchaîne les faits les uns après les autres sans digression, elle ne s’épanche pas sur son sort.
    Le point négatif de cette narration, c’est le manque de chapitre qui rend la lecture plus difficile car on ne sait pas ou faire une pause.
    Le style nous a convenu car il est facilement compréhensible, il est net et précis. Cependant l’écriture contient quand même de belles expressions.
    Finalement ce petit livre court est plaisant à lire, il nous a touché, nous vous le recommandons.

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