vacances – Rosa Candida, Extrêmement fort et incroyablement près, Pourquoi lire ?

Chers lecteurs,

en ce moment, je suis indigne avec mes lectures. Je les malmène, les ignore, les oublie. La conséquence directe de cet état d’esprit est bien sûr que vous n’avez plus aucune chronique à lire, alors même que j’étais en vacances et que les lectures se sont enchaînées.

Rosa Candida
d'Audur Ava Olafsdottir
ed Zulma
19 août 2010

Il y a d’abord eu Rosa Candida, le best-seller d’Audur Ava Olafsdottir paru en France chez Zulma. Il n’a pas été évoqué sur ce blog. Il le mérite, pourtant. Arnljótur, un jeune Islandais déjà père, se lance dans la restauration d’une mythique roseraie en ruine perdue dans un monastère oublié au fin fond du continent. Son histoire est pleine de délicatesse et de charme. Sa passion pour les roses, sa famille entre absence et présence, sa candeur, son indécision amoureuse ou encore sa relation avec sa fille, l’ensemble porté par une langue simple et légère, apportent une touche de fraîcheur dans les publications récentes. On n’en voit plus beaucoup, des livres joyeux et doux…Il est sorti en poche récemment chez Points. La couverture n’est pas exceptionnelle, mais c’est un livre que je vais aimer avoir dans ma bibliothèque pour le prêter à des amis. On a tous besoin de délicatesse et de fraîcheur un moment donné.

Extrêment fort et incroyablement près
de Jonathan Safran Foer
ed de l'Olivier
21 Septembre 2006
également en poche chez Points

Ensuite, j’ai lu tranquillement Extrêmement fort et incroyablement près, le best-seller de Jonathan Safran Foer. Oui, je me suis fait une session best-seller avec ses deux livres. J’avais suivi le buzz du premier et n’attendait que sa sortie en poche pour le découvrir. Celui-ci m’attendait sagement dans ma bibliothèque depuis des mois. La sortie de son adaptation cinématographique en France m’a décidé, même si je n’ai pas pris le temps d’aller la voir. (De toute manière, maintenant le DVD sort seulement quelques semaines après qu’il soit passé au cinéma, c’est triste parce que ça tue le cinéma, mais pratique quand tu n’as pas les moyens – temps, argent, transport…- d’y aller aussi souvent que tu le veux.) C’est une histoire bouleversante que celle d’Oskar Schell, un petit garçon qui a perdu son père dans les attentats du 11 Septembre, et celle qui se construit en parallèle, celle de son grand-père et de sa grand-mère, celle d’un exil. (Comme vous le voyez, légère tendance mélodramatique parfois un peu excessive, mais globalement touchante.) Les destinataires changent : certains écrivent des lettres à leur fils décédé ou à leur petit-fils tandis que le petit-fils raconte, tout simplement. Ces deux histoires qui se construisent l’une dans l’autre, l’une à travers l’autre, laissent planer une tension : tout au long de la lecture, on se demande comment les intrigues vont se dénouer. Que ce soit Oskar qui visite tous les personnes répondant au nom de Black dans la ville de New York pour espérer retrouver la serrure qui ouvre avec la clé qu’il est persuadé que son père lui a laissé pour dénouer une énigme, ou les lettres d’un père absent à son fils disparu, en passant par tous les morceaux d’histoire des personnes qu’Oskar rencontre, on s’émeut. On ne sait pas tout, mais on sait que les personnages sont comme bloqués dans leur souffrance : Oskar par le deuil, son grand-père par un mutisme, sa grand-mère par l’exil. On ne sait jamais trop si on assiste avec eux à une reconstruction ou bien à un acte de folie, mais il y a quelque chose de beau dans l’acharnement d’Oskar et le jeu de regards entre le récit de la grand-mère et celui du grand-père. L’ensemble se lit facilement : la vivacité typographique qui donne la fausse impression que le livre n’est pas tout à fait terminé (on hésite sur le titre des chapitres, on en barre un et réécrit un autre dessous, des mots mal orthographiés sont entourés en rouge sur quelques pages, des photographies ne font pas qu’agrémenter le texte mais y prennent toute leur place, font partie de l’intrigue et leur présence dans l’ouvrage donne une réalité à ces détails parfois majeurs) et l’écriture fluide nous emporte dans les vides de la mémoire d’une famille, avec l’espoir qui court au fil des pages que le présent reconnaisse et comble les manques du passé.

Pourquoi lire ?
de Charles Dantzig
ed Grasset
29 Septembre 2010

Je voulais aussi vous parler de l’essai de Charles Dantzig sur la lecture, Pourquoi lire ? . Je lis peu d’essais, mais vous comprenez bien en quoi le titre de celui-ci m’a attiré. Il est composé de chapitres, souvent courts, qui exposent, critiquent ou discutent les mille et une raisons de lire : « Lire pour se trouver », Lire recréé », « Lire pour les titres », « Lire pour… », « Lire contre… », « Lire ». La lecture est abordée d’un point de vue personnel, celui de notre écrivain, mais aussi depuis une multitude de visions. Bourré de références et de citations, ce texte est celui d’un passionné. Cela se sent à chaque ligne. Un lien se créé entre lui et nous pour que nous construisions notre propre rapport à la lecture grâce à ses mots et pour que nous lisions, tout simplement. Si Charles Dantzig réfute certaines « raisons » bien établies de lire, on peut ne pas être d’accord avec son point de vue. Après tout, malgré quelques désaccords avec sa vision de la lecture, j’en suis arrivée à la même conclusion que lui : on lit pour être une personne, pour exister dans son individualité et pour affirmer son humanité. Avant tout interrogation sur la lecture, on retient de Pourquoi lire ? les thèses qui nous plaisent, celles que nous aimons mais surtout qui sont les nôtres, que nous faisons nôtres.

Je n’avais ni l’envie ni le temps de vous abreuver comme à mon habitude de longues chroniques, mais je voulais tout de même vous parlez de ces livres lus pendant les vacances mais que je n’ai pas chroniqué. Je préférais regarder des films que je voulais voir depuis longtemps, comme par exemple les dessins animés Max et les maximonstres et Coraline. J’ai beaucoup aimé les univers oniriques (cela oscille du rêve au cauchemar, mais ce sont de belles oeuvres d’imagination) qui évoquent des thèmes bien réels et étonnamment proches d’un film à l’autre : le conflit familial, la fuite, l’éloignement, le manque… Une poésie se dégage des deux mondes créés dans lesquels les illusions jouent un grand rôle. La fantaisie des personnages est également réjouissante, et on en vient à vouloir retomber en enfance pour retrouver ce regard et cette imagination qui nous faisaient voir le monde autrement. C’est ce que semblent avoir en partie fait les réalisateurs de ces deux films adaptés tous les deux de récits pour la jeunesse.

J’ai beaucoup apprécié aussi la place offerte à l’horreur dans Coraline. Sans doute la disparition des illusions ne pouvait se faire qu’à ce prix. Tant mieux, un dessin animé non édulcoré, ça rappelle que les enfants comme les adultes aiment le frisson.

Il y a eu aussi le film La Belle Personne. Librement inspiré de La Princesse de Clèves, réalisé par Christophe Honoré, avec Louis Garel dans le rôle d’un des personnages principaux, ce film avait déjà tout pour me séduire. Sans surprise mais avec beaucoup de bonheur, ça a été le cas, sauf que j’ai aimé encore plus que ce que je pensais. C’est une très belle adaptation moderne (ça se passe dans un lycée parisien) du récit de Madame de Lafayette : elle montre à quel point ce texte fondateur est esthétiquement et sentimentalement intemporel. Le film est également un bel objet en lui-même, avec de très bons acteurs (Louis Garel, Léa Seydoux…), de très belles scènes et des plans qui révèlent énormément de choses et en cachent d’autres. c’est à la fois pensé et sensible. Les liens d’amitié et d’amour chez des lycéens y sont montrés aussi complexes qu’ils peuvent l’être dans la réalité de la solitude d’un adolescent.

C’est très synthétique, je présente à peine films et ouvrages pour préférer partager mes impressions directement. Pour faire simple, j’avais envie de vous parler de tout ça, mais je ne prend pas le temps de le faire de manière limpide : j’ai encore des films à voir et des livres à lire ! A bientôt !

A propos Constance

Enseignante, j'aime tout autant la littérature ado / jeune adulte que la littérature contemporaine et la bande-dessinée. J'ai souvent tendance à lire des textes écrits en français, mais je fais parfois des incursions vers de la littérature anglophone ou des traductions pour les autres langues.
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16 commentaires pour vacances – Rosa Candida, Extrêmement fort et incroyablement près, Pourquoi lire ?

  1. Sébastien Almira dit :

    Vacances chargées, dis donc !
    Coraline, j’ai aimé en livre comme en film. Pour une fois qu’une adaptation est à la hauteur !
    Extrêmement fort et incroyablement près, par contre je n’ai vu que le film. J’ai acheté le livre après m’être fait engueuler par une amie parce que j’avais osé voir le film sans lire le livre… En tout cas, le film est vraiment très beau, très touchant, mais visiblement Oskar (acteur et/ou personnage) en a agacé plus d’un.
    Je vais chercher le lien de ce que j’ai écrit sur le film, je reviens !
    http://culturez-vous.over-blog.com/article-le-cinema-de-mars-102388339.html

    • constance93 dit :

      je peux donc avoir honte aussi : je n’ai guère lu ni Coraline (roman jeunesse) ni Max et les maximonstres (album pour enfants). Par contre, La Princesse de Clèves, si 🙂
      c’est vrai que niveau adaptation, c’est souvent décevant par rapport au livre. j’ai entendu beaucoup de bien du film d’extrêmement fort et incroyablement près, mais que de la part de personnes qui n’avaient pas lu le roman… à voir, donc.
      merci pour ton point de vue et à bientôt !

  2. Yspaddaden dit :

    Profite bien de tes vacances !

    • constance93 dit :

      c’est terminé depuis une semaine. mais comme tu le vois, j’en ai bien profité. et puis j’ai fait plein de choses à côté, comme passer mon permis (et l’avoir !)

  3. Jostein dit :

    Des vacances bien remplies. Trois très bons livres et j’ai aimé aussi Max et les maximonstres. Quand tu verras l’adaptation du roman de Jonathan Safran Foer, j’aimerais savoir ce que tu en penses.A bientôt pour la suite

  4. Anne dit :

    Mais c’est très très bien aussi des billets « synthétiques » (mais quand même ça donne une bonne idée des oeuvres). aaah Rosa candida, je voudrais me l’acheter aussi, finalement, pour l’avoir sous la main. A l’époque de sa sortie, je l’avais emprunté en bibliothèque.

    • constance93 dit :

      bah écoute, j’ai craqué, et puis j’avais ma maman à côté de moi qui, me voyant en train de lorgner sur la table des parutions récentes en poches, a fait : « allez, choisis celui que tu veux, je te l’offre ». et puis comme c’était déjà tout trouvé ou presque, il a atterrit dans mes lectures au pied de mon lit 🙂 ça fait plaisir de l’avoir, tu devrais te l’offrir !

  5. Leiloona dit :

    J’ai justement acheté « Rosa Candida » en poche hier ! 😀
    Quant à « Extrêmement … » ce fut une belle lecture pour moi, même si quelques années après je n’ai que de vagues souvenirs.

  6. J’ai été beaucoup plus marqué par « Extrêmement…  » que par « Rosa Candida » qui m’avait pourtant étonné : je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus nunuche. Je commence à lorgner de plus en plus vers « Pourquoi lire? » et je sens que je vais me précipiter dessus au moment de préparer mes cours au mois d’août. C’est une question que j’aborde toujours en début d’année avec mes élèves.
    Tous les films de Christophe Honoré me plaisent. Avec parfois des maladresses, un bon mélange de sensibilité et de fraîcheur (« Les chansons d’amour » reste mon préféré).
    Bonne chance pour le permis! 😉

    • constance93 dit :

      Rosa Candida n’est pas forcément marquant, mais c’est une jolie histoire qui fait du bien. un peu moins nunuche que des romans de Marc Levy ou affiliés, plus fin et plus poétique.
      je trouve qu’Extrêmement fort et incroyablement près surfe un peu sur l’évènementiel et le pathétisme. après, c’est une histoire touchante et bien écrite, mais c’est un côté qui m’a gêné.
      « Pourquoi lire ? » peut être intéressant pour un cours sur la lecture, effectivement. et puis c’est agréable de lire un éloge de la lecture 🙂
      de christophe honoré, il faut que je découvre ses livres après avoir vu quelques-uns de ses films (les chansons d’amour m’a beaucoup plus aussi 🙂 ) et la pièce de théâtre qu’il a mis en scène.

  7. gambadou dit :

    des vacances avec des supers lectures, que demander de plus (un peu de soleil ?)

  8. J’ai lu les deux premiers de ta liste : j’ai beaucoup apprécié Rosa Candida dont je garde de beaux souvenirs de lecture mais j’ai aimé sans plus Extrêmement fort et incroyablement près (j’ai argumenté à chaque fois mes avis) donc je crois que nos avis se rejoignent sur ces deux lectures. Bravo pour le permis !

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