Le Cercle, de Bernard Minier

Du polar français

Bernard minier est un de ces (rares) auteurs français de romans policiers à connaître un beau succès. Son précédent opus, Glacé, s’est vendu à plus de 30 000 exemplaires. Il revient cette année avec Le Cercle, un roman dans la continuité du précédent, reprenant les même personnages hauts-en-couleur, le commandant Martin Servaz et sa consoeur Irène Ziegler en première ligne. Bien qu’ils travaillent maintenant séparément, l’affaire Hirtmann développée dans Glacé continue de les poursuivre. Servaz est pourtant sur un autre meurtre, celui d’une jeune prof de prépa dans des circonstances troublantes. Un élève, le fils d’une ancienne amante, retrouvé sur les lieux du crime, est accusé. Sa mère, Marianne, convainc Martin Servaz de son innocence et le supplie de l’aider. Le commandant se lance dans une quête pour découvrir la vérité mais il semble que la route soit balisée de secrets, de mensonges et de faux-semblants. Aidé de ses deux adjoints, le lieutenant Vincent Espérando et sa collègue Samira Cheung.

Nous sommes emportés dans cette enquête tortueuse comme dans un radeau : ça brinquebale d’un côté, puis de l’autre, on ne sait plus où donner de la tête. Les points de vue changent énormément, se focalisant sur tous les personnages qui prennent part à ce récit, que ce soit les représentants de la loi, Margot, la fille du commandant, Marianne, l’amante retrouvée et mère du principal suspect, des personnages suspects… A cela s’ajoute des intermèdes dans laquelle la voix d’une femme emprisonnée par un pervers exprime toute sa détresse et son désespoir.

On peut reprocher des longueurs et des redites à ce texte d’une certaine longueur, sans compter que l’enquête n’avance pas, ou alors sans cesse dans les mauvaises directions. On se doute de tout ça rapidement, et on est peu convaincu par le choix narratif des points de vue multiples : on se perd dans les enquêtes qui conduisent toutes à d’autres conclusions que celles recherchés. Si tout corrobore plus ou moins à la fin, la disparité des recherches et des découvertes des différents enquêteurs (Servaz, Ziegler, et même Margot) qui conduisent elles-même à d’autres enquêtes pour découvrir d’où proviennent les fuites à la presse, le secret d’un groupe d’étudiants, ou encore le véritable enjeu d’une relation adultère.

L’auteur tente également avec son récit d’apporter un éclairage sur la société française. A travers le regard acéré de Martin Servaz mais aussi le dénouement des intrigues, le tableau de la ville étudiante friquée de Marsac près de Toulouse, le cadre de la coupe du monde de football dans lequel le récit prend place, l’apparition de la politique, il y a une critique qui cherche à se mettre en place mais reste assez caricaturale à mes yeux.

Ce qui rebute sans doute le plus dans ce récit, c’est sans doute l’écriture qui se veut recherchée et maîtrisée mais n’est pas vraiment convaincante, reprenant des tours très clichés du roman policier (les picotements derrière la nuque, les gouttes de sueur, etc) qui sonnent très artificiels, des images sans aucune force, une syntaxe simpliste… Nous sommes loin de l’écriture attendue avec un personnage tel que le commandant Servaz, lui aussi passé par la khâgne et ayant abandonné l’écriture au profit du métier de flic, plus directement relié à son passé obscur d’une mère violée et assassinée et d’un père suicidé. Si celui-ci reste assez séduisant par son recours aux citations, notamment latines, nous sommes là encore peu convaincu : n’est-ce-pas là pour Bernard Minier qu’un étalage d’érudition qui n’apporte finalement pas grand chose au récit ? C’est un peu l’impression qui nous poursuit au fil des pages, et qui s’impose parfois au-dessus d’un suspense un peu trop éclaté pour être vraiment convainquant.

Le Cercle

de Bernard Minier

éditions XO

11 octobre 2012

A propos Constance

Enseignante, j'aime tout autant la littérature ado / jeune adulte que la littérature contemporaine et la bande-dessinée. J'ai souvent tendance à lire des textes écrits en français, mais je fais parfois des incursions vers de la littérature anglophone ou des traductions pour les autres langues.
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7 commentaires pour Le Cercle, de Bernard Minier

  1. anne7500 dit :

    J’avoue, je me suis laissée emporter par cette histoire sans réfléchir et j’ai marché, j’ai bien aimé. Mais j’ai lu d’autres avis négatifs, plus pointus que le mien. Pas grave, l’essentiel est de passer un bon moment !

    • constance dit :

      oui, c’est vrai. dommage que ce moment m’a été gâché par une impression de cliché et d’écriture médiocre (dans le sens moyenne, sans singularité).

  2. anablume dit :

    Je suis d’accord avec toi. C’est assez mauvais….voire risible par moment…

    • constance dit :

      j’aime bien tes avis très tranchés, Annabulume, je me sens mois critique face à toi, même si au final je suis complètement d’accord avec toi ^^

  3. liliba2 dit :

    Beaucoup aimé, même si je l’ai trouvé un peu long (beaucoup de redites au début, mais j’avais lu Glacé juste avant). J’attends la suite avec impatience !

  4. blueedel dit :

    J’ai adoré découvrir un peu plus l’univers de Servaz et commencer à ressentir plus ce flic un peu tourmenté… j’adhère à l’histoire encore et je vais surement continuer sur le 3e opus… Je mettrai ton article en lien dans le mien 😉

  5. Ping : Le Cercle | Blue Edel

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