50 cents, de Thomas Carreras

Un roman explosif

Cela fait quelques mois que le dernier Tarantino est sorti au cinéma, et nombreux sont les fans à attendre son prochain film avec impatience. Si vous êtes en manque d’hémoglobine, que vos zygomatiques commencent à s’ennuyer d’un humour piquant et que vous ne lisez pas beaucoup de livres parce que ça fait trop sérieux, alors vous devriez vous plongez dans le premier roman du jeune Thomas Carreras publié chez Sarbacane dans la collection Exprim’. 50 cents vous amènera auprès d’une bonne dizaine de personnages détonants qui aiment s’impliquer dans des massacres sanglants.

Entre deux flics rastas, un mafieux russe assoiffé de vengeance suite à l’assassinat de sa femme, un tueur à gages qu’il a embauché, une rouquine à la gâchette facile, un moustachu qui tue plus vite que son ombre et sa mystérieuse bande, un chef de gang mexicain un peu bourru et surtout très couillu, un biker qui, lui, manque cruellement de pot, un Africain qui menace de vous bouffer la main à chaque minute, un vétéran qui veut venger son frère et quelques autres, vous allez être embarqué dans tout San Francisco à la poursuite d’une pièce de 50 cents pas comme les autres puisqu’elle semble porter chance à toute personne qui rentre en sa possession. Tous liés les uns aux autres par une soif de sang, les personnages n’arrêtent pas de se poursuivre, se retrouver, s’affronter et se tirer quelques balles mortelles les uns sur les autres. Cela offre un bon nombre de course-poursuite, trois ou quatre massacres, des meurtres toutes les cinq pages, des guerres de clans et des vengeances sanglantes, quelques crises de colère réglées en trois coups de feu et une dizaine de morts et quelques autres péripéties que vous ne manquerez pas d’apprécier.

Avec Thomas Carreras, les mots volent aussi vite que les balles tandis que les situations se dézinguent mutuellement. Les dialogues savoureux sont coupées par l’arrivée inopportune d’un ennemi prêt à en découdre, l’attention s’attrape d’un coup de feu ou par une magnifique décapitation, les bikers, les gardes du corps, les flics et à peu près tout le monde prennent cher au fil du récit. Celui-ci est coupé net par des retours en arrière qui nous ramènent vers d’autres massacres, assassinats et scènes de violence des plus comiques. En vrac, vous pourrez assister en direct ou en replay au casse simultané d’une banque par deux bandes de truands qui s’étripent pour obtenir le contenu du coffre avant même que les flics n’entrent dans la parti, l’explosion du commissariat central de la ville, le massacre d’un hard rock café, des meurtres en série à Alcatraz ou encore une course-poursuite mortelle dans les rues de San Francisco. Vous rencontrerez des personnages épargnez par les balles, direz adieu aux autres et assisterez parfois à des sauvetages comiques (ou comment sauver un homme qui se prend le chargeur d’un flingue dans ses parties intimes sans réussir à enlever les balles du corps) sans qu’aucun temps mort ne vienne ralentir la lecture.

Surtout, aucun meurtre n’est sérieux dans ce livre. C’est une partie de rigolade tant les situations et les réactions des personnages sont cocasses et souvent dignes des meilleurs clichés de films d’action. 50 cents ne semble avoir été écrit que dans ce but de nous faire jubiler à la lecture de scènes sanglantes, souvent caricaturales et presque toujours drôles. Si l’intrigue s’éparpille un peu trop avec les histoires personnelles de tous les personnages et qu’elle se règle d’une manière un peu trop expéditive (mais dans une fin attendue, digne de tout le reste du roman), elle sert à merveille le déferlement d’hémoglobine et la musculation des zygomatiques.

Avertissement : si ce roman vous tente, que vous aimez le sang, l’humour et la violence gratuite, allez-y, mais faites gaffe aux balles perdues !

50 cents

de Thomas Carreras

ed Sarbacane, coll. Exprim’

2 mai 2013

 

A propos Constance

Enseignante, j'aime tout autant la littérature ado / jeune adulte que la littérature contemporaine et la bande-dessinée. J'ai souvent tendance à lire des textes écrits en français, mais je fais parfois des incursions vers de la littérature anglophone ou des traductions pour les autres langues.
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6 commentaires pour 50 cents, de Thomas Carreras

  1. tibo dit :

    Génial, cet article ! J’aime beaucoup l’idée du récit « coupé net », décapité… hyper bien vu !
    Tibo (resp. coll. EXPRIM’)

    • constance dit :

      merci Tibo, je dois dire qu’aucune de mes récentes découvertes de la collection Exprim’ ne me déçoit et que c’est un vrai plaisir de retrouver vos auteurs à la plume dynamique, originale et rafraîchissante.
      merci pour vos compliments et surtout vos publications !

  2. clara dit :

    Je n’aime pas du tout les films de Tarantino … hélas !

    • constance dit :

      alors peut-être que ce livre n’est pas pour toi. dans la même collection mais dans un style très différent, je pense que Frangine de Marion Brunet pourrait vraiment te plaire. il y en a une critique sur mon blog si tu veux t’en faire une meilleure idée.

  3. Cary Mendoza dit :

    Alors, je l’avoue, au début, j’était un peu perdue avec cette foule de personnages. Ils vous tombent tous sur le coin de la figure, mais une fois leur connaissance faite, on n’a pas de mal à les resituer. Parfois, il y a quelques personnages secondaires en plus, mais ces petites bêtes meurent facilement et on les oublie vite. Les dialogues sont vifs, les situations absurdes, le sang gicle à chaque coin de rue pour le plaisir de nos yeux ébahis, on se croirait dans un Tarantino version bouquin ! L’action est au rendez-vous, ça c’est clair ! Aah, si vous craignez le sang, les tripes et la mauvaise humeur d’une tueuse qui a besoin d’un petit carnage pour se remettre les idées en place, ramassez votre paréo et retournez lire des romances ! 50 cents offre également une dimension interactive. En effet, l’auteur s’adresse directement à nous et ne se gêne pas pour glisser des petits commentaires pertinents (ou pas) entre deux scènes ! Ce livre est vraiment plein de surprises ! Que dire de plus ? Il y a beaucoup de référence à des livres, ou films (dont une à Fight Club, une autre à Lost, alors rien que pour ça, ce livre est cool), le rythme est constant, et pour un premier roman, l’auteur s’en tire très, très bien ! Le 2 mai, vous savez ce qu’il vous reste à faire : courrez acheter 50 cents, vous ne le regretterez pas !

  4. Je ne le connais pas encore mais je prends note.

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