Les âmes vagabondes de Stephenie Meyer

Schizophrénie ou le monde fantasque de Stephenie Meyer

Stephenie Meyer, l’auteur de la célèbre quadrilogie Twilight, rentre avec Les âmes vagabondes dans un nouvel univers, la science-fiction, un univers où tout est différent et tout est pareil à la fois. Bien sûr, il y a toujours ces histoires d’amour encore une fois impossible avec un trio amoureux pour le moins classique mais aussi original : Melenie, Jared, Vagabonde. Vagabonde aime Jared, Jared aime Melenie. Seul problème : faire la différence entre les deux. En effet, Vagabonde et Melenie habitent le même corps.Le trio amoureux est un schéma pour le moins classique, mais il est ici assumé et poussé dans une intrigue des plus intéressantes.

En effet, si l’histoire d’amour est bien présente et affichée comme au premier plan, il ne faut pas pour autant rejeter toute la dimension « science-fiction » que ce livre possède et ne pas non plus oublier tous les messages (cependant un peu trop nombreux) que le récit, qui reste en cela ancré dans son genre, contient. Nous sommes dans un monde lointain, la terre comme nous pouvons l’imaginer sans avoir trop peur de se tromper : abîmée par les hommes qui eux-même s’entretuent ; un théâtre d’horreur. Face à cela, des âmes qui viennent prendre possession des corps et des mémoires des humains et tuent leur conscience. Elles sont pacifistes, calmes, bienveillantes. Les humains disparaissent et les nouveaux hôtes (les corps qui reçoivent une âme) sont de plus en plus réticent à céder leur conscience. Ils se battent  l’intérieur d’eux-même contre la présence ennemie implantée en eux. C’est ce qu’il se passe pour Melenie. Elle avait 17 ans et a essayé de mourir pour ne pas devenir comme ça et ainsi trahir les deux êtres qu’elles aimaient le plus au monde : son amant, Jared, et son frère, Jamie. Au delà de son échec et de l’implantation d’une âme très puissante en elle, Vagabonde, elle va se battre pour eux et fermer des grandes parties de sa mémoire à elle. Ce combat intérieur s’étiole peu à peu pour laisser place à de la confiance et de l’amitié. Les a priori vont tomber, l’esprit se consolider, les pensées s’unir.

La facilité n’est pas non plus au goût du jour puisqu’il n’y a pas d’un côté les gentils et d’un côté les méchants, parce que le point de vue de Vagabonde change au fil du récit, transformant les méchants en gentils et les gentils en méchants avant d’établir un statu quo. Les méchants du début, ce sont les humains, des êtres brutaux qui ont abîmé leur planète et s’entretuent. Les gentils sont les âmes qui envahissent une planète pour le bien de celle-ci et de sa population. Mais les humains sont aussi des êtres doués de raison et surtout de sentiments, des êtres que les âmes écrasent avant de les faire disparaître de leur propre corps. Tout cela verse un peu dans le pathos, mais se laisser bercer par ces sentiments forts à quelque chose de reposant et d’attirant.

L’opposition qui s’établit entre Melenie et Vagabonde au niveau de la personnalité et plus généralement de « l’espèce », l’une (Vagabonde) est sage et douce, l’autre (Melenie) alerte et colérique et la supériorité même d’une des deux personnalités alors même qu’elle partage un corps est le reflet de la schizophrénie. La schizophrénie est adaptée à la fiction, de la même manière que dans Dr Jekyll et Mr Hyde, mais dans un monde plus jeune, plus fantastique et plus propice à la compréhension d’une chose compliquée déjà simplifiée dans son allégorie âme/humain dans un même corps.

L’histoire en elle même, une âme qui se rebelle malgré elle et est influencée par une humaine à la volonté indéfectible  avant de se retrouver dans le camp adverse et de changer totalement de point de vue avec un fond d’histoire d’amour n’a rien d’extraordinaire, mais ce fond assez banal est bien exploité, les descriptions, rares, sont utiles, les dialogues, nombreux, sont internes (entre Melenie et Vagabonde) ou externes (avec d’autres personnages) voire les deux à la fois, et toute la place est laissée au sentiments et au déchirement intérieur. Bien sûr, l’histoire est là, très fournie en péripéties et qui se termine de façon à la fois surprenante et à la fois normale, mais elle est plus le théâtre des sentiments que les acteurs ont ressenti et nous ont transmis. Avec eux, nous avons traversé  l’angoisse, l’amour, l’abandon, le doute, l’espoir, le désespoir, la haine, le courage, la douleur et la dualité. C’est ce que l’on attend d’un roman YA, et c’est ce que Stephenie Meyer nous offre.

Pour terminer, je vais vous dire que je pense qu’il n’y a pas que Melenie-Vagabonde qui souffre d’une schizophrénie rare, car Stephenie Meyer, après Twilight et ses histoires remplies à mon goût de mièvreries, de clichés et de longueurs désespérantes nous offre cette fois un récit rempli  de vrais sentiments et d’originalité et avec une intrigue tout à fait passionnante.

(dévoré en une nuit)

Les âmes vagabondes

de Stephenie Meyer

éditions JC Lattès

10 Octobre 2009 pour la France

Merci à  et aux éditions  pour ce partenariat.

A propos Constance

Enseignante, j'aime tout autant la littérature ado / jeune adulte que la littérature contemporaine et la bande-dessinée. J'ai souvent tendance à lire des textes écrits en français, mais je fais parfois des incursions vers de la littérature anglophone ou des traductions pour les autres langues.
Cet article, publié dans 2 bien, bien, est tagué , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

15 commentaires pour Les âmes vagabondes de Stephenie Meyer

  1. Anne Sophie dit :

    cette histoire de deux personnes dans un même corps m’a l’air un peu complexe. mais le « dévoré en une nuit » m’a convaincue 🙂

  2. gambadou dit :

    et bien voilà ! j’attendais un avis pour savoir si je l’achetais ou pas ! je sens qu’il va être vite dans mon panier …

  3. Theoma dit :

    excellent billet, bravo ! J’ai adoré ! Dévoré également ! L’écriture de Meyer est assez mauvaise on peut le dire mais c’est une fucking good conteuse ! 😉

    • constance93 dit :

      ah, c’est bien l’écriture ? je me disais que peut-être c’était la traduction 😉
      c’est vrai que c’est vraiment plaisant à lire mais que derrière…^^

  4. Liza_lou dit :

    Absolument d’accord avec ce que tu en dis! J’ai moi aussi trouvé Les âmes vagabondes bien meilleur que Twilight même si j’avais bien aimé aussi la série de Stéphanie Meyer.

  5. Liyah dit :

    Oh ben dis donc j’ai pas du tout le même avis que toi ! lol ! Je suis contente qu’il t’ai plus ! Tu as eu du courage de le lire en une nuit ! lol !

  6. Mystix dit :

    J’aime beaucoup ton article. On me l’a offert dans la semaine, donc je passais voir les différents avis. Et ça me donne envie de me dépêcher ! On verra si moi aussi je le dévore en une nuit ^^ (chapeau! car c’est un pavé quand même)
    A plus !

  7. Coucou, en cherchant des blogs littéraires je suis tombée sur le tiens 🙂
    Très bon article, j’ai lu le livre il y a quelques temps et des livres de Stephenie Meyer, celui-ci a bien retenu mon attention même si j’ai quand même apprecié la saga Twilight 🙂
    Bises 🙂

  8. silvi dit :

    voilà (encore) un article que me convainc de mon choix, pour une très prochaine lecture

  9. Ping : Les Âmes vagabondes de Stephenie Meyer « Les lectures du petit panda!

  10. Luna dit :

    Coucou,
    personnellement je dois dire que j’ai préféré « Les âmes vagabondes » à Twilight, je trouve que l’histoire à un petit truc en plus et qu’elle est plus crédible…
    J’aime beaucoup le fait que Gaby ne tombe pas amoureuse de I. dès le premier regard, qu’elle prend le temps de le connaitre avant. Ça change des autres lectures YA 😉

Laisser un commentaire