Le Coeur en dehors de Samuel Benchetrit

Facile

Avec Le Coeur en dehors, j’ai eu l’impression de m’attaquer à une lecture facile. Facile dans le sens agréable : le roman se lit vite, sans difficulté, tout y est fluide et clair et il y a même une intrigue bien définie. Tout va bien.

Seulement, l’ennui n’a jamais été très loin. Non pas que cela soit mal écrit où quoi que ce soit : le roman de Samuel Benchetrit est très bien écrit, la langue s’incarne très bien dans le narrateur de onze ans,  et la structure du livre est très claire avec une division en chapitres qui indiquent l’heure qui passe. L’intrigue est prenante : lorsque la mère de Charly Traoré est emportée par la police, on veut savoir ce qui va arriver à ce collégien qui se retrouve tout seul à faire l’école buissonière. On évolue alors à ses côtés, ou plutôt dans ses pensées qui ne cessent de vagabonder, au milieu de sa cité en région parisienne. On perçoit alors le regard d’un enfant sur la cité dans laquelle il a toujours vécu, regard à la fois aimant et désillusionné devant les problèmes de drogue et de manque d’accès à la culture et avec, encore et toujours, des rêves d’enfant à l’intérieur.

Alors, oui, tout va bien, c’est un très bon moment de lecture. Mais j’ai eu l’impression à certains moments qu’il n’y a pas eu que la lecture qui a été facile mais aussi l’écriture. L’auteur s’attaque à un thème « à la mode », la vie dans les cités, et le développe d’une manière assez commune : il y a du bon comme du mauvais, il y a de graves problèmes qui touchent l’ensemble des habitants mais aussi des bons moments entre les jeunes qui se réunissent pour jouer au foot… On n’évite pas certains clichés.

Le roman se présente en plus comme quelque peu angélique : la plupart des personnes qui entourent Charlie sont gentilles, même son frère Henri qui se drogue. Tout le monde a envie de l’aider.Et tout le monde le fait.

Et puis, faire parler un enfant de dix ans et le faire aller de digressions en digressions pour se concentrer au final sur une intrigue en une journée m’est apparu comme un « chemin » un peu facile  pour aborder des thèmes compliqués.

Au final, Le Coeur en dehors n’est pas du tout une lecture désagréable et l’auteur semble aller au bout de son projet, seulement sa lecture m’a laissé un petit goût d’inachèvement et de facilité, comme si j’attendais plus.

Le Coeur en dehors

de Samuel Benchetrit

ed Grasset

18 août 2009

également disponible au Livre de Poche

A propos Constance

Enseignante, j'aime tout autant la littérature ado / jeune adulte que la littérature contemporaine et la bande-dessinée. J'ai souvent tendance à lire des textes écrits en français, mais je fais parfois des incursions vers de la littérature anglophone ou des traductions pour les autres langues.
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8 commentaires pour Le Coeur en dehors de Samuel Benchetrit

  1. Valérie dit :

    Je partage ton impression. Aussitôt lu, aussitôt oublié.

  2. Yspaddaden dit :

    Bien trop bourré de clichés à mon goût, j’ai trouvé ce livre vraiment artificiel.

  3. Sébastien dit :

    Moi, j’avais bien aimé ce livre. Le problème, c’est que son projet autobiographique (Chroniques de l’asphalte, déjà 3 tomes sur 5 parus) racontait déjà tout ce qui se trouve dans Le coeur en dehors. Ce roman n’est qu’un copier-coller de ce qu’il a écrit d’autre. Je savais à quoi m’attendre, et j’ai juste trouvé très agréable de retrouver les aventures tragi-comiques d’un gosse un peu perdu.
    Mais voilà, c’est du rabâchage et des clichés… Du Benchetrit, quoi !

  4. Manon. dit :

    bonjour, j ai lu attentivement votre article, certes tres interessant. Mais je ne partage pas votre point de vue. En effet, je pense que la « simplicité » dont vous parlez ainsi que les « clichés » sont en partie liés a l age du narrateur. A cet age tout nous parait heureux, on n a pas encore conscience des epreuves de la vie. Et meme si le jeune Charly n a pas une vie facille avec son frere qui se drogue etc.. il depeint avec precision son quotidien d enfant de cité.. Et malheureusement, beaucoup de clichés sont vrais.

    • constance93 dit :

      oui, c’est possible que la simplicité et les clichés soient liés à l’âge du narrateur, que c’est une virtuosité de l’auteur d’écrire et de penser comme un jeune adolescent, presque encore un enfant. seulement, c’est quelque chose qui m’a bloqué dans ma lecture. tant mieux si vous avez su y être sensible, mais ça n’a pas été mon cas. j’y ai vu de la facilité, c’est comme ça.
      quant à la réalité des clichés, j’avoue ne pas savoir. par contre, je sais que ce que j’ai lu correspondait à des scènes que j’avais vu ou déjà lu plus d’une fois. c’est ce que j’ai voulu dire en utilisant le mot « cliché »

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