Rouler, de Christian Oster

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Road-trip à la française

Rouler, la route, sur la route… Le titre du nouveau roman de Christian Oster donne le ton de son contenu : un road-trip, à la française, pour le coup. Christian Oster fait en effet voyager son personnage du nord au sud de la France, de Paris à Marseille. Mis à part l’objectif final qui se dessine peu à peu au début du récit, Jean, notre héros solitaire, n’a pas d’itinéraire ni de timing à respecter. Son obsession est de rouler, juste de rouler.

Le hasard des rencontres ainsi qu’une vague direction et des envies passagères dessinent son voyage, ses arrêts, ses détours, ses fuites. Lui-même ne sait pas trop pourquoi il est parti ainsi : arrivé dans le Massif central, il se demande « si c’était ça, ces choses de la montagne, qui [l’]avait conduit là. [S’il] avait du goût pour ce genre de paysage, ou d’air ». Il ajoute qu’il « croit [qu’il] avait surtout choisi le hasard – à part la mer, au bout » (p18). On sent ce personnage un peu perdu, dont les attaches à sa vie n’arrivent plus vraiment à le tenir, comme son fils dont il a oublié le rendez-vous pour partir sans prévenir, ou son ami Simon, qu’il ne voit plus depuis longtemps et ne connaît plus trop non plus.

En cours de route, des ébauches d’explications nous seront offertes, ébauches aussi incomplètes que celles des villes que Jean traverse sans chercher à les découvrir. Son voyage sur les départementales françaises (pas les autoroutes) n’est pas une sortie de tourisme. Il roule « puisqu’il ne voyait pas quoi faire d’autre », c’est presque la seule chose que nous saurons avant la fin du voyage, ou il se confiera à une personne rencontrée par le hasard qui l’a guidé.

Rien d’haletant dans ce road-trip français, mais plutôt des élans de nostalgie, des embûches, du hasard et de la tristesse. Les paysages, filtrés par le regard de Jean, n’ont rien de magique. Ils défilent sous nos yeux sans nous marquer, pris que nous sommes dans l’emprise de notre narrateur. La beauté du roman réside peut-être plus dans le portrait des personnes de passage, ceux qui croisent la route de Jean un moment donné. Sans trop d’échanges ni de descriptions, nous saisissons ces personnes qui partagent un bout du chemin ou des arrêts de Jean. L’influence qu’ils ont sur les décisions de Jean, ce que l’on peut appeler le hasard, est également intéressante. Tout d’un coup des inconnus prennent un rôle déterminant dans la vie d’un homme, et ce phénomène, que Christian Oster nous fait vivre à travers son roman, à quelque chose de fascinant.

Le roman de Christian Oster est finalement difficile à cerner. Si son personnage défile sur les départementales de France, j’ai eu l’impression en tant que lectrice de rouler sur une autoroute, sans saisir la moitié du paysage, sans comprendre totalement ni être emportée par ce voyage, ces motivations et ces péripéties. Une lecture qui me laisse en réalité perplexe. Je la conseille pour que chacun s’en fasse son idée (et que j’en perçoive quelques échos par la suite).

Rouler

de Christian Oster

ed de L’Olivier

18 Août 2011

A propos Constance

Enseignante, j'aime tout autant la littérature ado / jeune adulte que la littérature contemporaine et la bande-dessinée. J'ai souvent tendance à lire des textes écrits en français, mais je fais parfois des incursions vers de la littérature anglophone ou des traductions pour les autres langues.
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20 commentaires pour Rouler, de Christian Oster

  1. Anne dit :

    Tu conseilles le livre mais ton avis est très mitigé… Es-tu sûre que nous allons te suivre sur cette suggestion… 😉

  2. emeraude dit :

    Si tu veux un écho, mon chéri l’a lu et clairement et sans détour, il a trouvé ça chi*** à mourir ! En tout cas sans intérêt…. !

  3. Gwenaëlle dit :

    A lire ton billet, on a l’impression qu’il y a bien une voiture mais pas vraiment de pilote! 😉 Et comme je ne suis pas téméraire…

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  5. lorenztradfin dit :

    ha – à lire les commentaires on dirait, que je suis le seul à vraiment aimer – le ton, la manière de toucher sans y toucher… (ou de regarder – voir page 98) Je ne suis qu’à la page 105 (encore 70 à caser entre mes traductions) mais j’ai plus ri pendant ces 100 pages que dans tous les 5 derniers livres que j’ai lu….Quelqu’un qui écrit en première page: …. »La térasse était déserte, il s’est mis à leuvoir. Le peu de gens qui passaient ont pressé l’allure. Ils ont disparu. Personne ne les a remplacés. » est doué pour brosser des tableaux simples et complexes (on voit bien le « paysage » et on a une première idée du personnage).
    Je te reviens une fois terminé – qui sait peut-êt je change encore d’avis, mais pour le moment je suis ravi.

    • constance93 dit :

      et bien tant mieux 🙂 il faut qu’un livre trouve ses lecteurs pour exister, et je n’ai qu’un avis mitigé sur celui-ci, alors je souhaite de tout coeur qu’il trouve ses lecteurs. à bientôt.

  6. noann dit :

    Mitigé aussi.
    Quelques moments intéressants, croustillants même, mais une impression générale de platitude et d’un manque d’objectif.
    Je déteste quand un auteur ne sait pas où il va, ou disons plutôt, quand le lecteur ne sait pas où l’auteur veut l’emmener

    • constance93 dit :

      par rapport à ta dernière remarque : oui, c’est vrai que quand le lecteur ne sait pas où l’auteur veut l’emmener, c’est frustrant, mais des fois tu sais reconnaître que l’auteur fait ça avec brio, qu’il en joue totalement et que son jeu est de nous perdre, mais à d’autres moments tu hésites, tu ne sais pas si c’est un manque de maîtrise ou une très grande maîtrise. et là, ça m’énerve.
      et c’est vrai qu’il y a des bons passages, où l’écriture prend son envol et les scènes deviennent passionnantes, mais il y a aussi des longs moments où ça traîne. sans compter qu’on ne sait pas où on va, qu’il y a un manque d’objectif, comme tu dis.

  7. Yv dit :

    Creux et inutile pour moi !

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  9. COCO dit :

    Bonjour savez vous pourquoi Christian Oster a changé de maison d’édition ?

    • constance93 dit :

      non, je l’ignore. mais L’Olivier est une très bonne maison d’édition. c’est parce que ce roman a été publié chez eux que je l’ai lu, car j’aime beaucoup ce qu’elle publie en général, par exemple.
      peut-être est-ce pour toucher d’autres lecteurs, ou pour bénéficier d’un meilleur contrat, ou que sais-je d’autre. après tout, je ne suis qu’une lectrice, je ne connais pas ce milieu

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  11. Virginie dit :

    Ennuyeux! Style très détaillé mais pas vraiment d’histoire. Ce livre m’a été conseillé par mon libraire car je recherchais un roman sur le voyage mais ce fut un voyage plutôt sans intérêt! La deuxième partie du livre (dans le château) est longue et on ne voit pas très bien où l’auteur veut en venir!! J’ai eu le secret espoir que ce livre tourne au roman policier…mais non. Le personnage principal est antipathique. Les personnages qu’il rencontrent lors de son voyage sans but sont par contre intéressants: les auto-stoppeurs, Claire et son surprenant choix, son camarade de classe… Il y a quelques passages insolites car on s’y croirait : l’achat d’une couverture, le voisin de la chambre d’hôtel qui a un malaise…J’ai somme toute peiné à finir ce livre et suis restée sur ma fin!! Je ne le conseillerai pas particulièrement.

    • constance dit :

      j’ai trouvé qu’il y avait de bonnes choses dans ce livre, son atmosphère, ses personnages étranges, mais comme toi je m’y suis aussi un peu ennuyée.
      merci pour ton commentaire détaillé,
      à bientôt !

  12. j.-p. fédoroff dit :

    Le style : des astuces, très primaires, d’écrivain avec des phrases très courtes et ailleurs des phrases très longues; sinon rien. L’histoire : rien ou presque. Tout cela fait que l’on a vite envie de laisser tomber le livre. Si on veut bien se laisser aller à une mélancolie qui frise la dépression alors il faut rouler avec Jean et le livre peut éventuellement se lire.

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