L’interprétation des peurs, de Wulf Dorn

Un thriller au coeur de la psychanalyse

Tout commence lorsque Ellen Roth, psychiatre de talent, rencontre une patiente
anonyme en état de choc qui a été internée dans son service. Cette femme lui affirme être en danger, harcelée par un homme qu’elle appelle le croque-mitaine. Elle disparaît le lendemain et il est impossible de retrouver une trace de son passage.

La psychiatre, seule persuadée de la réalité du danger, part à sa recherche dans une enquête pleine de rebondissement dans laquelle elle-même se retrouvera en danger. Elle sera manipulée, confrontée à la peur, la violence et la paranoïa par un être qui la menace sans se révéler à elle. Très vite, personne ne la croit et elle est isolée dans sa course contre la montre pour découvrir qui est celui qui s’en prend à elle et menace de tuer l’inconnue si elle ne découvre pas qui il est et pourquoi il s’en prend à elle.

C’est un savant jeu macabre dans lequel l’individu est de plus en plus isolé et pris de doute. La brillante psychiatre ne semble plus capable de faire la part entre la distance du médecin et l’implication humaine, les bons et les mauvais, la réalité et le rêve. Elle est perdue quelque part dans sa recherche, guidée par des rêves qui l’amènent là où elle ne voudrait pas aller.

Le suspense est très intense d’un bout à l’autre de ce récit dont l’enjeu devient peu à peu la vérité, la connaissance de soi et des autres. Le danger se révèle sous plusieurs formes : les peurs d’un enfant envers le croque-mitaine, la violence d’un homme sur une femme, la menace, l’enfermement, l’ancienne manière de traiter la folie par électrochoc et bains gelés forcés… Les conséquences sur le psyché d’Ellen sont particulièrement remarquables : confusion, perte de repères et de confiance envers les êtres qu’elle connaît, sentiment de persécution, d’urgence, troubles du sommeil, rêves perturbants… En même temps, la psychiatre garde un sang-froid tel qu’elle continue dans sa recherche du croquemitaine et de la femme disparue.

Tout ne s’éclaire qu’à la fin, alors que tout ce qui avait été imaginé se confronte à la réalité. Nous sommes surpris devant la résolution de cette intrigue et personne n’en sort indemne. Malgré des personnages secondaires un peu flous et quelques facilités tant dans l’intrigue que dans ses résolutions, le suspense et la révélation sont tels qu’on sort assez convaincu de ce thriller psychologique qui se tient et surtout, nous tient d’un bout à l’autre.

L’interprétation des peurs

de Wulf Dorn

trad. de Joël Falcoz

ed Le Cherche Midi

3 mai 2012

A propos Constance

Enseignante, j'aime tout autant la littérature ado / jeune adulte que la littérature contemporaine et la bande-dessinée. J'ai souvent tendance à lire des textes écrits en français, mais je fais parfois des incursions vers de la littérature anglophone ou des traductions pour les autres langues.
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