L’embellie, d’Audur Ava Olafsdottir

Sous la pluie islandaise

C’est une histoire toute simple qui nous vient d’Islande grâce à la plume d’Audur Ava Olafsdottir et la traduction de Catherine Eyjolfsson. Elle parle d’amour, de liberté, de nouvelle vie. Elle dit la fragilité de l’homme, mais aussi sa force, le désarroi et la confiance, l’handicap et la beauté. Tout est brouillé dans la brume qui recouvre le pays et dans les personnages qui animent ce récit.

Au coeur de celui-ci, la narratrice, une femme libérée qui a laissé sa vie partir à la dérive, perdant le même jour mari et amant, et décidée à se retrouver. Elle a vécu dans le brouillard d’une vie tranquille sans jamais vraiment vivre, se consacrant à son métier de correctrice de tout et n’importe quoi, livrant sans cesse les manuscrits corrigés à ses commanditaires. Son métier lui-même est celui d’une oubliée, elle ne doit s’afficher nul part, ne pas reprendre, ne pas créer.

Lorsque sa vie chavire, elle décide de partir en voyage, mais pas à l’autre bout du monde, là où elle ne ferait que fuir, mais plutôt autour de son île, pour la redécouvrir comme elle ne l’a jamais vue. En plein mois de novembre, alors que l’hiver approche et que les routes sont inondées.

Elle ne pensait pas que ce qui allait la changer serait un enfant, elle qui n’a jamais voulu en avoir. Seulement, son ami Audur lui confie son fils de quatre ans, « malvoyant et malentendant » alors qu’elle doit rester à l’hôpital jusqu’à la naissance des jumelles qu’elle porte dans son ventre. La narratrice l’embarque dans son voyage, et peu à peu un lien se crée entre l’enfant et la femme.

Son voyage se déroule comme une voyante le lui avait prédit, mais en même temps dépasse largement le simple cadre d’une prophétie fantasque lui promettant « trois hommes dans votre vie sur une distance de trois cents kilomètres, trois bêtes mortes », « beaucoup d’eau », « un grand mammifère marin sur la terre ferme », « des phoques pas loin », « un gain inattendu, de l’argent et un voyage ». Tout se passe comme prédit, avec toutes les bizarreries annoncées et la lumière au bout du voyage.

A l’instar de Rosa Candida, le premier roman traduit en français de l’auteur, c’est une belle histoire sur le lien d’adulte à enfant, la différence et le sentiment amoureux. L’auteur donne à voir l’île sous son pire jour, mais aussi ses habitants sous toute leur beauté. Si on peut regretter des personnages qui ne font que passer dans la traversée de la narratrice, on retrouve la plume fantasque de l’écrivain islandaise qui nous entraîne au coeur de l’homme, dans ses relations à l’autre. Une belle histoire qui charme un tout petit moins que Rosa Candida, mais que le lecteur savoure avec bonheur, comme tous les plats typiques ou atypiques que l’on découvre au fil des pages.

L’Embellie

d’Audur Ava Olafsdottir

ed Zulma

23 août 2012

A propos Constance

Enseignante, j'aime tout autant la littérature ado / jeune adulte que la littérature contemporaine et la bande-dessinée. J'ai souvent tendance à lire des textes écrits en français, mais je fais parfois des incursions vers de la littérature anglophone ou des traductions pour les autres langues.
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13 commentaires pour L’embellie, d’Audur Ava Olafsdottir

  1. anne7500 dit :

    Quel joli billet sensible ! Je serai ravie de traverser cette Islande-là en cette compagnie.

  2. Gwenaëlle dit :

    Ton avis est très proche de celui de Sylire, paru aujourd’hui. J’avais été déçue, moi, par ce livre. J’en attendais sans doute le même émerveillement qu’avec Rosa Candida et l’émerveillement n’a pas été au rendez-vous…

    • constance dit :

      je partage un peu ton ressenti d’un léger manque d’émerveillement par rapport à Rosa Candida, mais il reste que ce roman a une vraie touche avec l’univers fantasque et la plume toute simple de l’auteur.

  3. le Papou dit :

    J’ai beaucoup aimé comme toi mais contrairement à toi je l’ai préféré à Rosa Candida.
    Joyeuses Pâques
    Le Papou

  4. denis dit :

    j’ai bien aimé ce livre lu pour le prix des lecteurs FNAC 2012

  5. kathel2 dit :

    Je me reconnais assez dans ton avis… Une fois que j’ai réussi à entrer dans ce roman, il m’a beaucoup plu.

  6. gambadou dit :

    et bien moi elle m’a charmé plus que Rosa Candida !

  7. liliba2 dit :

    Moi j’ai trouvé ça rasoir… et il pleut tout le temps, beurk !

  8. cristie dit :

    J’ai beaucoup aimé et je suis heureuse de savoir qu’une autre pépite de cette auteure m’attend !

  9. J’avis beaucoup aimé  » Rosa Candida » en livre audio. Je vais me laisser tenter par la version papier de « L’embellie »

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